Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Le CCF de Tripoli... (Ezza MALEK)

Le CCF de Tripoli :

l'épine dorsale de la francophonie pour un nord libanais francophile.

 

 

Il y a un peu plus de huit siècles, c'étaient les Croisades et le comte de Ribemont qui mourut près de Tripoli pendant le siège d'Archas.

C'était le comte de Saint-Gilles quittant son comté de Toulouse pour asseoir son comté de Tripoli et son château de Saint-Gilles.

C'était le troubadour Jaufré de Rudel comte de Blaye, et sa participation à la deuxième croisade rien que pour aller voir à Tripoli, sa princesse lointaine, et mourir dans ses bras.

… Et des enfants aux yeux bleus et cheveux blonds sont nés!

 

Il y a un peu plus d'un siècle, c'étaient de grandes voix de l'histoire, ces écrivains français qui ont marqué le Liban et son Nord en le visitant :  Lamartine et son cèdre, Saint-Exupéry et son cédraie, Gérard de Nerval et sa Saléma, Ernest Renan et sa maison à Amchit, sa sœur Henriette et sa tombe dans le caveau de la famille Zakhia, Nerval et sa Zeinab, Germain Nouveau et sa Musulmane, Saint-Exupéry et son exaltation du cèdre ; André Gide et sa pérégrination littéraire, et bien d'autres amoureux de ce Liban multiple ouvert à toutes les cultures

 

Il y a bien moins d'un siècle, c'était le mandat français et la France venue asseoir des bases culturelles dans ce Liban qu'évoque la Bible et les psaumes. Puis l'indépendance. Tripoli la francophone compose avec la mondialisation moderne.

Et le grand poète tripolitain Hector Khlat, chantait la France comme si elle était sa propre patrie et défendait la langue française comme si elle était la sienne.

Ensuite… il y eut un petit silence.

 

Mais… il y a cinquante ans exactement, ce fut la re-naissance culturelle de la France et l'installation dans les différents Mohafazat un centre culturel français. SON centre, Tripoli l'a béni comme si elle était nostalgique des temps révolus. Tripoli, fidèle  à ses liens affectifs, en était fière!

La francophonie rayonna de plus belle, et les Francophones tripolitains, chrétiens et musulmans, y revoyaient  un peu de leur âme perdue.

Le Centre culturel français à Tripoli, je l'ai vu naître, s'élargir, déménager, du vieil appartement de la rue Jemmayzat et de la rue Maarad, à l'actuel et moderne City Complex. Je l'ai vu grandir,  égal à lui-même, propageant la culture et la civilisation françaises.

J'ai assisté à sa permanence, à sa fonctionnalité, à sa persistance dans l'action culturelle. Mes premières conférences, mes premiers récitals poétiques, mes premières rencontres avec les francophones tripolitains, mes premières dédicaces d'ouvrages, furent organisés entre ses murs qui écoutaient et parlaient éloquemment. Il m'a offert ses locaux, ses services, et ses suggestions. Tous ses directeurs ont agi pour la même cause.

Partant à la fin de leur mission, ils nous ont, tous, laissé leur âme et de bons souvenirs.

Je me souviens de la dédicace de mes « Portes de la nuit » : signature nocturne et ouverte, comme pour se réconcilier avec le titre même du roman et avec cette ville tolérante. Elle eut lieu après minuit, à l'heure du Souhour, une nuit de Ramadan, le mois de jeun où les Tripolitains francophones, catholiques et orthodoxes, concertaient avec leurs amis musulmans, les longues soirées ramadaniennes qu'ils prolongeaient jusqu'à l'aube, leur tenant compagnie, partageant leurs repas et leurs rites.

La soirée de la signature s'est terminée en fait à l'aube, effaçant les frontières. Le grand pâtissier Hallab fut appelé (par le directeur du centre), pour arroser cet événement culturel avec ses dames- jeannes remplies de jus de caroube, de réglisse et d'autres rafraîchissements moins traditionnels, moins rituels.

On a tort de penser que la communauté francophone tripolitaine est restreinte. On oublie que, toute relativité gardée, elle était et est toujours, la première ville francophone au Liban. Aujourd'hui,  Beyrouth, centre d'affaires, se laisse envahir par l'anglais. Il suffit que le CCF appelle à une activité francophone pour voir se réunir les amoureux de la langue française. Comme le jour de mon Récital poétique organisé par le Centre en collaboration avec le club Arrabita Assakafia, avec une salle comble.

La signature de mon dernier roman « Mariée à Paris… Répudiée à Beyrouth » organisée à l'hôtel Quality Inn, au printemps 2009, fut un succès à cause justement de la coopération et de l'appui du CCF. 

Une bonne partie de la communauté tripolitaine francophone était là, persuadée que le CCF de Tripoli  EST un grand acteur de la vie culturelle tripolitaine ; que, avec sa médiathèque, ses espaces multimédias et audiovisuels, son cinéma francophone et ses cours de langue, sa sensibilisation au livre et à la lecture, et ces rencontres affables avec des auteurs de tous calibres, il restera l'épine dorsale de la francophonie attestant dans ce nord fidèlement francophone, l'indispensable présence de la France.

 

Et voilà : Cinquante ans que le CCF de ma ville accompagne Ma belle langue. Cinquante ans que le CCF de Tripoli entretient la flamme des Tripolitains, perpétuant ainsi cette belle histoire d'amour avec la langue française.

 

Ezza MALEK



28/11/2009
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