Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Retour sur le CCF (Renée KHODR)

En 1987, j'étais professeur au Lycée franco-libanais de Tripoli depuis sept ans et ma situation administrative n'était toujours pas réglée. Je suis allée voir le Conseiller Culturel auprès de l'Ambassade de France, Monsieur Jacques Verger. Il m'a alors proposé de prendre la direction du centre culturel de Tripoli dont l'activité était très ralentie à cause de la dégradation du climat politique dans la région. Je devais néanmoins continuer à enseigner au Lycée.
Le premier mouvement de surprise passé, j'ai accepté. Immédiatement, notre petite équipe composée de Catherine, Angelina, Joseph et Georges, a fonctionné de façon très dynamique. Les professeurs de langue déjà présents m'ont apporté leur aide et nous avons pu mettre en place de nombreuses activités culturelles en faisant appel aux divers talents tripolitains car il n'était pas question que des artistes français se déplacent vu la situation politique. C'est ainsi que, musiciens, chanteurs, poètes, peintres, universitaires, sont venus enrichir nos soirées moroses. Parallèlement, de nombreux stages pédagogiques étaient organisés en collaboration avec les différents établissements scolaires de la région. Les chaînes câblées, DVD, salles de spectacle modernes n'existant pas encore, notre petit ciné-club du lundi soir fut aussi un moment de plaisir sauf quand le générateur tombait en panne et qu'il fallait se débrouiller avec « les moyens du bord ».
Se rendre à Beyrouth était une véritable épreuve : pas d'autoroute et de nombreux barrages militaires qui jalonnaient le trajet. Nous devions quitter Tripoli à quatre heures du matin trois fois par mois. Nous arrivions à l'ambassade de France (véritable bunker) aux alentours de sept heures trente. Après les multiples contrôles de sécurité, Georges se dirigeait vers les services du consulat où il s'occupait des demandes de visa, du courrier, et d'autres formalités administratives (les français du Nord ne se déplaçaient pratiquement plus), tandis que je rendais compte au conseiller de notre travail et des divers projets que nous formions.
Vers dix heures, nous mettions le cap sur Jal-El-Dib où se trouvait le bureau d'action linguistique (J'étais également responsable de ce domaine). Après la réunion avec le responsable, nous faisions le plein de documents pédagogiques pour les collègues et les écoles. Nous terminions notre périple au Centre Culturel de Jounieh où se déroulait une autre réunion avec le directeur en place. Nous chargions ensuite dans la vieille Peugeot les films en 35 mm qui allaient alimenter notre ciné-club et ceux que nous prêtions aux divers établissements.
Les activités se multipliant, le Conseiller Culturel a demandé au proviseur du Lycée d'alléger mon emploi du temps, ce qui n'était pas aisé car j'enseignais la littérature en classe de première. Au bout de quatre ans, un ultimatum est arrivé du Ministère de l'Education Nationale français : soit je réintégrais mon poste à plein temps sous peine de perdre mon statut de professeur certifié, soit je démissionnais et continuais ma carrière dans le cadre des centres culturels. Je suis donc revenue tout naturellement à ma vocation première, l'enseignement, en fermant cette jolie parenthèse qui m'a permis de rencontrer des gens de tout bord, de milieux professionnels extrêmement différents, de visiter des villages reculés du Nord, et d'enrichir leurs écoles avec du matériel pédagogique offert par l'Ambassade de France.
Je ne peux terminer cette intervention sans rappeler que ce qui a été fait n'a pu voir le jour que grâce au formidable esprit d'équipe de tous les employés du centre (administration, professeurs, intervenants), et surtout, grâce à la participation active du service culturel de l'Ambassade de France qui a répondu avec générosité à toutes mes demandes, et dont les représentants ont effectué de nombreuses visites à Tripoli et dans le Nord, ce qui nous a permis de travailler dans une atmosphère sereine en dépit des tensions qui rendaient la vie difficile.

Renée KHODR

N.B. Le titre de l'article est choisi par l'administratuer du blog 



03/12/2009
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