Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Souvenirs et impressions (Saïd El Wali)

Le Centre Culturel Français de Tripoli a 50 ans

 

Souvenirs et impressions

 

Parler du Centre c'est parler de moi, de nous, Français de fonction et Libanais d'adoption. Parler du Centre c'est parler de l'un des visages les plus brillants de la ville de Tripoli, mais parler du Centre, pour moi, c'est surtout parler de moi, de ma vie, de la meilleure part de ma vie… ce serait, à la limite, la moitié de ma biographie, cette confidence intime de ma vie que je n'ose pas encore commencer mais que peut-être cette occasion va pouvoir amorcer. Pour tout projet, il faut un déclencheur, et raconter le Centre, dont nous fêtons cette année les cinquante ans et dont j'occupe au moins une trentaine, dans une famille qui n'était, qui n'est "ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend" comme le dit si bien Verlaine parlant de la femme aimée. Et toi Centre bien aimé, tu m'accueilles au début des années soixante, élève de troisième et l'un des premiers candidats au brevet français de l'époque venant de l'école des pauvres, l'école publique, puis, étudiant à l'Ecole Normale dans ta bibliothèque de la rue Jemmayzat, le jour et dans les différentes salles de Tripoli où tes activités artistiques nous font connaître concrètement ce que nous ne voyions que dans les livres: expos, concerts, théâtre etc…

Tes portes sont ouvertes et tes animateurs à l'écoute des jeunes curieux comme moi, sans discrimination aucune. Puis, des années plus tard, en 1973, tes autres portes s'ouvrent pour le licencié ès-lettres, professeur à l'Ecole Normale et animateur culturel débutant, et cela pour me joindre au corps professoral pour l'enseignement du FLE (Français Langue Etrangère) avec les moyens A.V (audio-visuels) dont je suis l'un des premiers spécialistes au Liban;

Et le concubinage de devenir mariage !

Officiellement pendant trente ans, et officieusement pour toujours.

Trente ans, oui, à chacun ses trente glorieuses; les miennes sont plus que glorieuses, c'est ma vie qui y coule ses meilleurs moments, ce sont mes talents qui s'épanouissent et aident mes élèves, mes stagiaires à le faire; et puis mes auditeurs, des cinéphiles aux mélomanes, des chercheurs, aux amateurs, Libanais, Français et autres francophones de défiler.

Centre Culturel Français de Tripoli, tu organises la première, puis la deuxième fête de la musique non seulement au Liban mais au Moyen-Orient, fin des années 80 et j'en suis le moteur.

Centre Culturel Français de Tripoli, ni menaces, ni enlèvement ne te font courber l'échine!

Dans l'impossibilité de nommer des Français, guerre oblige, des Libanais assument.
Ton resto de l'esprit ne doit jamais chômer, nombreux sont les affamés; les bombes des myopes et des castras ne font pas peur. Qui accepte qu'on lui coupe le cordon ombilical ? Tout sevrage n'est que provisoire et l'on revient à tes sources.

Tu es le tournant de ma vie, son lieu de prédilection.

Tu resteras mon adresse première et mon nom restera toujours lié au tien, comme celui de Roméo à Juliette, de Sartre à Beauvoir et des deux au café de Flore.

Longue vie !

 

Saïd El Wali



28/11/2009
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