Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Centre Culturel Français de Tripoli - Liban

Vecteur de dialogue et de rencontres (Robert HORN)

Après de nombreux voyages et séjours plus ou moins longs à l’étranger, en Egypte, en Palestine (2 séjours), au Maroc, en Yougoslavie et en Croatie (à Zagreb, les 2 fois), je me retrouve à Tripoli, au Liban, où je suis arrivé il y a un peu plus d’un an.

Je découvre le Centre Culturel Français le 7 octobre 2008, vers midi. Un des rares, ou même le seul, a s’être établi dans un Centre Commercial ! Cela fait un peu bizarre quand on a connu le CCF du Caire, celui de Rabat ou de Jérusalem, ainsi que l’Institut Français de Zagreb inauguré en 1922, après Londres et Prague…mais quand on se trouve à l’intérieur, on oublie vite qu’on est entouré de cafés, boutiques, salons de coiffures etc… Il faut dire aussi que je m’y sens bien et que je suis bien entouré.

Le travail culturel est d’un sens pluriel et d’un incomparable intérêt pour les pays qui construisent leurs relations sur cette base. Le Liban fait partie de ces pays. La preuve en est donnée de manière manifeste dans cette ville lors des nombreuses rencontres organisées par le CCF de Tripoli et ses partenaires locaux : les mairies de El Mina et Tripoli, la Maison de la Culture (Beit el Fan », le Centre Culturel Safadi, les écoles et universités de la région…). Une commémoration de cinquante années de promotion culturelle et linguistique est un impact incontestable aussi bien pour une connaissance et reconnaissance de la vie culturelle française que pour des propositions d’activités - comme les expositions, les cycles cinématographiques, le théâtre, la musique…- fort prisées par un certain public tripolitain averti.

Plus que jamais, les langues et l’art rapprochent les cultures et anéantissent les frontières. A cet effet, il est important de souligner que depuis un demi siècle, le Centre Culturel Français de Tripoli, qui a vu se succéder 12 directeurs, a été inauguré en 1959 au coeur de la ville de Tripoli. Il représente a lui seul tout un symbole, tel que l’ont souligné ses nombreux « fidèles » dans les différents témoignages rapportés dans ce supplément du TRAIT D’UNION de décembre 2009. Depuis 1961, le centre propose des cours de langue française et une étroite collaboration s’est installée depuis entre la Mission Culturelle Française au Liban, tutrice des CCF du Liban, et le Ministère de l’Education Libanais ce qui a favorisé la constitution d’un corps d’enseignants qualifiés dans tout le pays. Aujourd’hui, les CCF du Liban répondent à une demande croissante d’enseignement de la langue qui est de l’ordre de 6445 apprenants en 2008 et conçoit régulièrement des projets de plus en plus orientés vers un public jeune.

Depuis, les conventions entre nos deux pays n’ont cessé de se contracter, ouvrant l’espace à des années d’intense coopération prouvant la détermination des deux pays à oeuvrer pour privilégier dialogue et rencontres.

La France est l’un des premiers investisseurs étrangers et un des partenaires les plus importants dans les activités de développement bilatéraux. Parallèlement, le Liban est une destination privilégiée de nombreux français ... Avec le nouvel, accent que I’Union Européenne accorde aux pays du pourtour méditerranéen, et la création le 13 juillet 2008 le l’Union pour la Méditerranée, la fonction des Centres Culturels Français et de toute la Mission Culturelle en tant que clé de voûte de la coopération culturelle sera renforcée .

Dans le contexte actuel de Diversité Culturelle, “Patrimoine commun de l’Humanité”, selon la Déclaration universelle de l’UNESCO, la culture est définie de manière extensive, comme “l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs…elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.” C’est dire à quel point la culture est désormais perçue comme s’inscrivant au coeur du monde, et qu’elle en constitue l’essence. Mais la culture, par sa diversité même, fait apparaître une vérité universelle plus haute que tous les particularismes : elle met en pleine lumière l’unité du genre humain. La culture en effet c’est ce qui nourrit en nous un « vouloir vivre ensemble », au milieu de personnes et de groupes aux identités variées. C’est cela le prolongement politique de la diversité culturelle : favoriser l’intégration et la participation de tous les citoyens. Et c’est le pluralisme culturel qui constitue la réponse politique au fait social de la diversité culturelle.

L’humanité, nous le savons bien, est engagée dans un processus mondialisé de transformations économiques, sociales, politiques, culturelles. Dans les bouleversements à venir, la culture ne doit pas être instrumentalisée, ou radicalisée, pour pallier des carences démocratiques, ou pour justifier des dérives identitaires, des mises en ghetto. Les cultures doivent nourrir l’esprit, et réciproquement. Il n’y a pas d’esprit sans culture, il n’y a pas de culture sans esprit.

Pour conclure, j’aimerais évoquer cet Ecossais (Jean Scot), qui vers l’an 1230, séjournait en qualité d’astrologue à Palerme à la cour de l’empereur Frédéric II Hohenstaufen, et qui s’attaqua à sa demande à la traduction de l’arabe vers le latin des Commentaires d’Averroès sur le philosophe grec Aristote. Je vois dans cette image une sorte de fil rouge, celui de la marche de l’esprit à travers les âges, et un indice réconfortant que les cultures peuvent se lier et se relier pour tisser la grande toile de l’esprit.

 

Robert HORN
Directeur du Centre Culturel Francais de Tripoli



07/12/2009
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